La matrescence: comment je suis née comme maman
Que signifie exactement matrescence ?
La matrescence c’est la naissance d’une mère. Naître en tant que maman, je crois que c’est un long et magnifique processus. On devient maman à travers une série d’événements et d’étapes de notre vie de femme. Inconsciemment, je dirais que j’ai commencé à naître en tant que maman dès la préconception, période où j’imaginais comment je me sentirais enceinte et dans notre nouvelle vie de famille. Puis est venue l’instant où ça s’est concrétisé. Quand j’ai appris que j’étais enceinte, j’ai été envahie par toutes sortes d’émotions contradictoires. J’ai ressenti une joie immense, mais j’avais aussi de la difficulté à croire que c’était vrai. C’était un moment excitant et angoissant à la fois.
Le mot et concept de la matrescence a été créé par l’anthropologue américaine Dana Raphael en 1973. C’est la contraction des mots maternité et adolescence. Un terme pour aider à normaliser les changements énormes autant physiques, psychologiques et émotionnels que l’on vit lors de la naissance ou l’adoption d’un enfant. Notre vie et notre cerveau changent quand on devient parent. La matrescence peut avoir une durée différente pour chaque personne et c’est une période de transition qui revient à chaque nouvel enfant. J’ai découvert et je me suis intéressée à ce concept par l’entremise de l’excellent podcast de Clémentine Sarlat qui traite du post-partum et de la parentalité.
J’ai eu la chance de vivre une belle grossesse, j’ai adoré être enceinte. C’était un doux début pour ma transition de femme à maman. Je me sentais belle. J’adorais la connexion avec ma fille et autant que j’avais hâte de la rencontrer, j’avais envie de la garder juste pour moi le plus longtemps possible. Enceinte, j’avais une vision très idéalisée et romantique de la maternité. Je rêvais d’un accouchement serein à la maison de naissance. On aurait passé les premières heures suivant sa naissance dans notre nouvelle petite bulle familiale. Je m’attendais à de la fatigue, mais je prévoyais ne rien faire d’autre que récupérer de l’accouchement, allaiter et créer un lien d’attachement avec notre petite.
« La matrescence, […] c'est la contraction des mots maternité et adolescence. »
La naissance de bébé, mais aussi celle de maman.
En fait, j’ai appris rapidement qu’une grande partie de la parentalité est de s’adapter aux imprévus, d’accepter de lâcher prise. Notre cocotte s’est pointé le bout du nez par césarienne, alors que j’étais à 38 semaines de grossesse. J’ai été bouleversée par comment je suis née comme maman par le biais de ma césarienne. J’ai beaucoup pleuré durant les 48 premières heures, j’avais de la difficulté à gérer toutes les émotions ambivalentes que je vivais. C’était difficile de vivre cette douleur, cette fatigue, cette déception de ne pas avoir vécu l’accouchement et le post-natale que je voulais. En parallèle, à cet amour et cette fierté intense envers mon bébé.
La matrescence: comment je suis née comme maman, c’est une période où je naviguais à travers une grosse vague d’émotions. Je ne suis pas de celle qui parle facilement de comment je me sens ou qui vit pleinement ses émotions. J’ai plutôt tendance à rapidement trouver une façon de me changer les idées. Comme maman, surtout dans les premiers jours, j’avais l’impression que chaque sentiment était amplifié, que je vivais chaque moment plus intensément. C’était essayer de me concentrer sur le positif, sur mon bébé. Essayer de repousser cette grosse déception face à ma césarienne, mais c’était impossible de l’ignorer. Je pleurais souvent, sans toujours savoir exactement pourquoi. Il fallait que je fasse le deuil de mon accouchement parfait, de mon post-natale de rêve.
Quand ma sage-femme est venue à la maison pour une visite post-natale, ça m’a fait énormément de bien de jaser avec elle de bébé, mais aussi surtout de moi, de comment je me sentais. Quand bébé naît, toute l’attention lui revient, mais c’était libérateur de mettre des mots sur mes émotions et d’en discuter avec elle qui était là pendant ma grossesse et mon accouchement. Je suis née comme maman quand je me suis rappelé que c’est aussi important de s’écouter. S’assurer de ne pas s’oublier et que ce tourbillon d’émotions, d’hormones finirait par se calmer et que tranquillement je me sentirais plus comme moi-même.
« Je suis née comme maman quand je me suis rappelé que c’est aussi important de s'écouter […] »
La maternité de proximité
Je suis née comme maman en découvrant petit à petit quel genre de maman je suis. Avant son arrivée, j’avais deux grands objectifs qui étaient d’allaiter jusqu’à 2 ans et de ne jamais laisser pleurer bébé. Je voulais aussi créer un lien d’attachement fort avec elle et embrasser pleinement mon nouveau rôle de maman. Toutefois, tout cela restait très abstrait et je ne savais pas trop comment ses désirs se réaliseraient dans la réalité. Finalement, instinctivement, sans pression et sans connaître le terme, j’ai eu une relation proche du maternage proximal avec ma petite. C’est-à-dire de répondre aux besoins de bébé par une proximité presque constante.
Pour nous, ce fut de faire du cododo jusqu’à plus de deux ans, alors que je ne m’étais même pas imaginé dormir dans le même lit qu’elle. L’allaiter à la demande jusqu’à un sevrage vers ses deux ans et demi. Probablement induit par ma deuxième grossesse, mais qui s’est fait sereinement pour elle et pour moi. Je ne compte pas les soirées où elle dormait dans mes bras pendant que j’étais assise soit sur mon ballon d’exercice ou dans ma chaise berçante. Elle avait besoin de contact et de mouvement constants. Plus tard, je réussissais à la déposer endormie dans son lit, mais je devais aller l’aider à se rendormir en l’allaitant 2-3-4 fois par soirée. Je crois que nous avons écouté notre premier film en amoureux sans interruption vers ses deux ans.
J’ai adoré cette proximité, cette relation presque fusionnelle avec mon bébé. Néanmoins, il y a eu des jours plus difficiles. Des jours où j’aurais voulu plus de liberté, où j’avais moins envie d’être touchée, où j’aurais eu besoin d’une distance physique et c’est normal. Comme maman, je pense qu’il faut accepter ces moments-là. S’enlever de la pression et se respecter dans ce qu’on est capable et à l’aise de faire. En grandissant, elle gagne de plus en plus en confiance et en indépendance, ce qui me rend très fière. On garde une grande proximité dans notre relation mère-fille qui évolue. Pour toutes les merveilles, les défis et même les difficultés que la maternité m’apporte, je suis reconnaissante chaque jour d’avoir eu la chance d’être née comme maman.
J’ai adoré faire la lecture de ton texte Sophie ❣️ Ça m’a tellement ramené en arrière et rappelé le moment exact où moi aussi j’ai eu le sentiment de réellement vivre ma naissance en tant que mère!
Merci pour ton commentaire. Je suis contente que ça te rejoigne et te rappelle ta propre expérience. 😊
C’est bon de te lire Sophie:) Je n’ai pas encore eu la chance de vivre cette renaissance, mais tu me donnes envie d’experimenter à travers cette fascinante transition. Jai hâte de savourer ces moments. Merci pour ce partage.
Caroline, je te le souhaite, je suis convaincue que tu seras une merveilleuse maman. ❤️
C’est un très beau texte Sophie! Ça me fait penser à comment moi je vais naître comme maman! J’ai une belle grossesse malgré toutes les nausées qui me suivent encore. J’essai de pas trop penser à l’accouchement et vu que j’ai aucun contrôle sur ça! J’ai hâte de la rencontrer et de naître comme maman!
Je te souhaite une douce naissance comme maman Chantal. ❤️ Et pour l’accouchement, oui ça prend du lâcher prise, mais c’est une journée et expérience qui peut être très magnifique. Il y a plein de belles choses que tu peux faire pour te préparer émotionnellement et physiquement à ton accouchement. 💕
Sophie , elle est touchante ton histoire de maternité. Tes mots sont justes et à point, le récit est réel et pourra certainement aider et répondre aux questions des nouvelles mamans. Bonne chance et que ta deuxième fois soit vécue comme tu le souhaites, bisous😘🤰
Merci pour ton beau commentaire et tes souhaits. Je profite bien de mes dernières semaines de grossesse et je reste le plus zen possible pour la suite. 💕
Je suis ému. Tant de vrai.
Le jour où tu deviens mère tu grandit avec ton enfant. Et tu as tellement raison, il faut être aussi doux avec sois-même qu’avec son enfant.
Merci pour ton texte.
❤️ oui on s’oublie parfois. J’adore comme tu dis d’être doux autant avec soi qu’avec nos enfants, c’est exactement ça ! 😘
Wow! Ça me touche de te lire… Merci pour ce beau partage 😉
Merci beaucoup d’avoir pris le temps de le lire. 😘
Super Sophie! J’aime ton honnêteté et la façon dont tu racontes ton histoire!!
Merci pour ton commentaire mon amie 💕
Wow Sophie si bien dit la vie d’une mère! Être mère est formidable c’est la vie ! Être grand-mère est aussi beau! Merci je t’embrasse France
Merci France. ❤️ Oui quel expérience magnifique d’être maman !
Quel beau texte Sophie! Très touchant, spécial et d’une belle sensibilité ça me va droit au coeur. Avoir un petit bébé c’est extraordinaire et nous fait vivre une expérience comme jamais on a pu en vivre une avant et comme tu dis ce n’est pas toujours a ce qu’on s’attendait mais c’est toujours unique. Ton texte est intéressant et m’apprends beaucoup. Merci d’avoir partagé ce beau témoignage remplie d’amour. Francine xx❤
Merci pour ton magnifique commentaire. Oui la maternité, c’est une expérience extraordinaire, pleine d’amour et de découvertes. 💕
Superbe texte qui raconte très bien ce qu’une maman vit. Merci de mettre ces beaux mots sur des moments si émouvants. Merci. Je suis née maman 2 fois en 2 ans, disons que c’est doublement émotif de te lire haha. Merci encore.
Merci ❤️ ! Ouf oui j’imagine que ça ne doit pas être de tout repos. Ici aussi je suis en pleine deuxième matrescence avec ma grande de 3 ans et sa nouvelle petite sœur.